Date de la machine : années 50
Origine de la machine : Italie

Pays d'achat : Italie
N° de série : 5216
Puissance : 750w + 250w
Chaudière fermée,
retour du levier par ressort
Dimension du tamper: 51 mm
1 filtre 2T
     



épisode 1
épisode 2
épisode 3
épisode 4
épisode 5



C'est amusant car je crois toujours avoir découvert la machine "ultime" et puis non,
un jour un événement intervient sans prévenir et vous voilà de nouveau avec LA nouvelle machine "ultime"
Alors je serais presque tenté de savoir quelle sera la prochaine, mais là il faut  avouer que c'est une véritable beauté qui m'est tombé dessus. Plus qu'une beauté, une vraie Duchesse et pas n'importe laquelle.
Une Duchessa Duchessina !
Je la connaissais pour l'avoir déjà vu, sur le net,  chez quelques chanceux. Pas plus de quatre ou cinq.
Cette marque Duchessa, qui prendra par la suite le nom de La Ducale, fait l'objet de bien des convoitises.
Est-ce la rareté, la qualité de fabrication, l'esthétique, le choix du nom qui la rend si convoitée?
Mais Duchessa ou Ducale sont des noms qui font apparaitre bien des étoiles dans les yeux à bon nombre de personnes.
Moi y compris.
Un grand merci à mon ami Lucio del Piccolo, sans qui cette machine ne serait pas chez moi aujourd'hui.







Voici les photos que j'ai reçu de la machine et qui se trouvait aux confins de l'Italie, dans les pouilles.



J'ai tout de même du mal à voir les défauts dans ces moments là, trop préoccupé par la joie de la découverte. Même si je perçois des choses qui vont me poser soucis, comme l'électricité qui semble plus que vétuste et c'est là où on espère que les résistances chauffantes ne sont pas abîmées. Parce que trouver ça de nos jours...
Je vois également qu'il manque le plexi du dessus, ainsi que la grille chauffe tasse et également le cache haut du groupe.
Les lances vapeur et eau chaude sont également manquantes.
Bon ça n'entame pas mon enthousiasme, enfin pas trop.




Ayant eu quelques soucis avec mes derniers manomètres, j'espère que celui-ci sera opérationnel car je serais bien triste de devoir le changer.
Un peu comme s'il manquait la mascotte à la proue d'une rolls.





Après plusieurs jours d'angoisse, dans l'attente d'un transport qui peut  toujours être plus ou moins soigneux, le carton est enfin arrivé. L'air de rien cette machine est lourde, très (faudrait que je la pèse au fait)  et elle vient de parcourir près de 2000 km..





Ouf! pas vraiment de dégâts visible, du moins en apparence.




Le porte filtre ainsi que son filtre n'ont pas été oubliés. Le couvercle massif  rappelle que c'est par là qu'il faut mettre de l'eau des fois que..
et les résistances sont bien au fond de la cuve, enchevêtrées.
Cuve qui au premier coup d'oeil me semble bien entartrée.


Et les premières mauvaises surprises apparaissent..



Il manque la douchette. Hum hum je crains le pire au niveau électrique. Le tube de niveau est cassé.






La voici fièrement posée à coté de la Zenith Express. La Duchessa était destiné à de petits commerces à faible débit de cafés. Elle sera une excellente alternative avec la Zenith dont je ne peux assurer la chauffe quotidienne de 6 litres d'eau et avec la La Pavoni qui, même si elle est "professionnelle", n'en reste pas moins d'un usage problématique lorsqu'il y a plusieurs amateurs de cafés en même temps chez moi.
Vraiment c'est dommage que ce type de format n'ait pas été plus exploité tel la sama club par exemple.
C'est vraiment le lien parfait entre la petite machine à levier individuelle et la grosse pour les bars.



Je passe un petit coup d'éponge sur la façade inox pour me rendre compte de l'état de celui-ci





qui n'est pas trop mal et passe au démontage.





Le panneau arrière tombe et me laisse découvrir les entrailles de la machine.
Là se révèle une vraie surprise.
En effet j'ai pu voir quelques rares photos de l'intérieur d'une Duchessina et un pressostat était naturellement associé à l'unique résistance de la machine.
Or ici il y a une vraie particularité qui aujourd'hui me laisse encore perplexe.
Elle est équipé de deux résistances chauffantes permettant la chauffe mini/maxi comme sur les La Pavoni de première époque, mais aussi de ce pressostat.
Pourquoi ce pressostat ? ou pourquoi deux résistances ?




L'électricité est vraiment dans un état pitoyable. Derrière la cuve se trouve un très gros boulon percé, genre boulon "banjo" pour moto et qui traverse un diffuseur trois branches qui partent vers, le manomètre, l'eau chaude et le niveau d'eau. Le groupe est retiré.




Il y a du calcaire partout.

Les trous sont bouchés. Les tuyaux aussi. Les résistances enrobées tel un dessert givré.




La cuve finit par sortir de sa carcasse.




La carcasse semble être en zamac et est cassée à deux endroits. Je crois que je vais avoir du souci à me faire avec les résistances.


Je poursuis par le groupe, qui semble ne pas être en meilleur forme.



Le fût du groupe se passe de commentaires, la bague de maintien tige piston/piston n'est plus que poussière de rouille et
le ressort ne me sera plus d'une grande utilité..


Comme je le disais, sans commentaires..ah si! snif snif..




La partie électrique d'un seul tenant avec, en point d'orgue, l'énorme pressostat.







Toutes les petites pièces mises de coté, avant l'assaut du triple 0 pour remise en beauté.



Le pressostat dans son détail.

L'arrivée d'eau. Le contacteur. La molette de réglage.






La membrane de laiton est poussée par la pression et vient agir sur le contacteur, arrêtant la chauffe jusqu'à ce que la pression baisse.
 La membrane revient  à sa position initiale et la chauffe repart. Ainsi de suite..
La molette de réglage permet de modifier la valeur de pression en jouant sur la rigidité de la membrane, par l'intermédiaire d'un ressort.



Les interrupteurs avec un système de fixation super sympa et assez joli.
Malheureusement, si j'ai bien les deux interrupteurs d'origine,
 il me manque une fixation..
Si vous avez ça qui traine chez vous, n'hésitez pas à me contacter!










Nettoyage de la cuve et de son couvecle.





Le tube de niveau d'eau est cassé, je prends ses mensurations.







Il y a deux éléments chauffants, l'un porte une trace pas très rassurante, quant au second je vous laisse imaginer le peu d'espoir que j'ai de le faire fonctionner.






Les joints sont de tailles inédites et ne vont pas me faciliter la tâche.
Je fais des comparaisons avec des joints d'autres machines pour me donner une idée.
Celui de la cuve est particulier aussi. J'ai tout fait pour lui rendre une seconde jeunesse et jusqu'à présent ça m'a réussi, c'est déjà ça.




Je ne résiste pas à une petite mise en situation.





Les petites pièces commencent à reprendre vie.



Même si certaines conservent quelques stigmates..





Par ailleurs, grâce à l'aide de Francesco et son ami Pasquale, j'ai pu récupérer des petites pièces manquantes, certes décoratives mais si indispensables à la finition de la machine.
J'aurai l'occasion de revenir à Francesco et Pasquale ultérieurement.







Des mesures en tous genres, pour le ressort, les tuyaux etc..






Montage folklorique du pressostat sur la zenith afin de tester son bon fonctionnement, par de la pression d'air à froid.
Je ferais aussi un test avec le manomètre de la duchessina en lieu et place de celui de la zenith.


Débute la saga des tuyaux, vapeur et eau chaude, qui avaient malheureusement disparu.








Inspiration à partir du tuyau de la Faemina.

Et puis j'aimais bien aussi la forme en col-de-cygne que l'on peut voir parfois.





Il fallait bien faire un choix et finalement
je choisissais la forme qui me semblait le plus correspondre à la forme originale.



Concernant le problème d'éléments chauffants, Francesco m'avait conseillé de m'adresser à Gabor.
Gabor est un Hongrois qui peut résoudre bien des problèmes de cet ordre.
Pour peu que vous possédiez l'élément initial, même hors d'usage, il sera capable de faire reconstruire des éléments pratiquement à l'identique avec les valeurs voulues.
Cerise sur le gâteau, il écrit couramment en Français (j'imagine en anglais aussi)
Cerise sur la cerise, il est d'une cordialité extrême.

Cela devrait aller tout de suite mieux.
Merci Gabor !
Contact Gabor



Fabrication de quelques joints.
Celui du groupe ainsi que ceux pour la grosse vis
de type "banjo"





Il y a des pièces comme ça, que l'on aimerait voir intactes, car on sait aussi que si ce n'est pas le cas ce sera la misère.
Ce sera la misère.
La vis n'a plus de pas, usé, rongé par le temps et après quelques heures à chercher un modèle approchant sur le net,
 il fallait me rendre à l'évidence que: "allo Armand ?"



"Oui alors Armand, voilà mon problème..."





Cet animal me fait croire que c'est mort après
avoir tenté de refaire le pas de vis,
avant de me sortir une nouvelle vis.
Percée dans l'axe et dans le travers et
en inox s'il vous plait!
Faudrait que je paye un café à Armand un de ces jours..






Les joints commencent à trouver leur place.
Pour le piston ce sera des joints de Bruni Brunella avec une sous-épaisseur de ruban téflon.

Le tube de verre est coupé "maison" donc pas terriblement net,
mais correct.
Depuis ma technique s'est améliorée.
Mise en place sur la Duchessina.
On peut voir l'affrontement entre les douces courbes
des années 50 et les lignes tendues des 70'



Les choses ont beaucoup avancé et je peux me permettre d'effectuer un remontage, en attendant de résoudre mon problème de ressort.






Dommage pour cet admirable dos que j'aurais peu l'occasion de voir.





Depuis le début un petit "truc" m'enquiquinait.
C'était l'apparence du plastique protège-tasses.




Celui-ci était très rayé et incrusté de graisses,
de volutes de cigarettes, de crasse du temps passé.
Et du temps le protège-tasses en a passé dans l'évier avec du liquide vaisselle et de l'huile de coude
muni d'une éponge.
Rien n'y faisait.


Et puis une idée saugrenue m'est venue. Celle d'utiliser du "Mirror"
Oui le "Mirror" destiné aux cuivres, alu, inox etc. allait être utilisé sur du plastique.
Oh un tout petit bout pour voir, au début.




Voilà, la machine a tout de suite plus fière allure!
J'ai encore quelques petits détails à régler avant de la refermer
pour un petit moment.
Comme l'ajout d'une protection thermique, ce qui sera plus prudent
au regard de la protection d'origine.




Et puis il y a un autre petit "truc" dont je ne vous avais pas encore parlé...
Il y a quelques temps, Francesco m'avait demandé de lui rendre un service.




A savoir de récupérer une Duchessa et de lui envoyer ensuite.
Je n'ai pas résisté à l'envie de la déballer de son carton et de la montrer à côté de la Duchessina.
Association de ces deux machines de la même marque suffisamment exceptionnelle.
J'avais, bien entendu, l'assentiment de Francesco.







Ca faisait tout de même drôle de les voir toutes les deux côte à côte.
Mais la petite Duchessa est retournée  vivre de nouvelles aventures Italiennes
et avec le brio de la restauration qu'on ne peut que saluer.
Voir ici




Je trouve auprès de différentes personnes, comme Gary ou Lauri des indications concernant la dimension des ressorts.
Ce qu'il y a de complexe, c'est qu'il rentre en compte beaucoup de valeurs diverses.
 Connaitre le nombre de spires, leur espacement, leur diamètre etc.. ne suffit pas.
En effet  des notions comme la raideur sont bien plus délicates à déterminer ainsi que la longueur à bloc par exemple.
Je décide donc de faire fabriquer quatre ressorts différends, qui me permettront de choisir celui qi me semble le plus adapté.




Pour autant le choix ne sera pas si aisé que ça finalement.
Beaucoup de tests se révéleront nécessaires.



Mais la machine est à présent opérationnelle..




..et peut me servir de délicieux et remarquables expresso.
Il suffit d'un peu d'apprentissage et de persévérance afin de magnifier au mieux les possibilitées de cette somptueuse machine.