L'été dernier, lors de mon séjour en Italie, j'ai pu aller visiter le musée Cagliari à Modene.
Cette visite avait été prévue de longue date avec Davide comme chef d'orchestre, qui avait contacté le Dottore Alessandra Cagliari afin de planifier cette visite.
Alessandra Cagliari est l'arrière petite fille du fondateur de l'entreprise Cagliari, torréfacteur industriel et qui, aujourd'hui, exporte dans le monde entier sa production.
Cette collection est dûe à l'initiative de Giorgio Cavallini qui comme un précurseur a patiemment accumulé,
restauré des machines à une époque où d'autres devaient certainement les mettre à la casse.
Par la suite Mr Cavallini a souhaité transmettre son héritage pour qu'il soit visible du plus grand nombre et c'est ainsi que la société Cagliari a acquis cette collection,
l'a enrichi par de nouvelles aquisition et ouvert un batiment pour accueillir le public pour son plus grand bonheur.
 Qui d'autres qu'un torréfacteur local aussi passionné pouvait mieux le faire ?




Nous avons été accueilli par Alessandra Cagliari de façon fort simple et très chaleureusement.
 C'était vraiment un accueil qui faisait chaud au coeur, sans chichi mais avec enthousiasme
.
Après nous avoir offert un café, nous sommes passés dans la salle de réception où trône fièrement
et magnifiquement une Feama Urania.



Nous grimpons quelques marches et nous nous retrouvons à l'étage devant une reproduction de l'ancienne échoppe Cagliari.
La visite des machines peut commencer.
Le fil conducteur est chronologique, nous commençons donc par les anciens percolateur à vapeur
des années 1900 (environ)  pour aller jusqu'à la fin des années 40.
Machines à vapeur dont on m'a dit que le café était trop chauffé et qu'il en sortait âcre, brulé, amer.




Et la visite peut commencer.

Les Machines à Vapeur









Victoria Arduino, Tipo Extra de 1910.
Machine qui pouvait être chauffée à l'électricité, mais aussi au charbon..autre époque.
50 litres de contenance, rien que ça !







Torino Express de 1925.

Ces machines à café étaient aussi appelées machines à colonne.




                                                               


Victoria Arduino, Tipo Extra de 1925

   




Simplex de 1928
On peut voir le style particulier de l'époque
et illustrant, ici, la proue d'un navire.



                                                                    

                                                                       

Snider de 1930 Snider Linéare de 1930





Torino Express de 1930










Roma Balila de 1930



                                                                      

Bezzera Liliput P2 de 1933



*

                                                                              

Universal de 1935

A l'instar des véhicules de l'époque,
la machine est surmontée d'une mascotte.
Ils savaient faire du beau, même pour l'utile.









                                                                             

Augusto 900 de 1935









Aurora 900 de 1935





Elettra de 1940..


..détail d'une Elettra de 1940 ou comment le beau, l'élégance pouvait se nicher partout......


..ou pas, mais ça reste suggestif.

     Eterna Super Eterna de 1925



                                                                         

La Dorio Lineare de 1945




Machine à chauffe instantanée, ancêtre du thermoblock.
Il paraitrait que pour l'assemblage de ces machines il a été utilisé des fût d'obus.
Quatre pour être précis, un de chaque côté verticalement et deux horizontalement.
De plus, vu sa date de fabrication et la future révolution dû au levier, tout le restant de marbre qui avait
été prévu pour cette machine sera utilisé pour recouvrir le sol des bureaux Dorio.








Les Machines à Levier


Je ne vais pas rentrer dans les détails de l’histoire de l’espresso qu’on peut trouver un peu partout sur le net,
mais seulement vous situer le contexte.
(Pour ceux qui ne le sauraient pas, hein ! mais ici qui ne sait pas ?)
Donc Gaggia a déposé un brevet d’un procédé révolutionnaire qui permet d’extraire le café avec force de pression,
sans le brûler et ce grâce à un piston/ressort et levier.
Faema sera, pour un temps, son constructeur.
De 1947 à 1952 les autres, pour suivre ou seulement survivre, devront trouver des parades similaires afin d’extraire aussi la crèma.            
 Car c’est bel et bien en 47/48 que l’espresso moderne est né et plus personne ne veut boire d’autres cafés que ceux-là.
Les machines à colonne sont ringardisées du jour au lendemain.




Qui a dit que le marketing,
               le buzz était un procédé récent ?
                                                  
cette photo est tirée d'un magnifique recueil qui m'a été offert à l'occasion
de cette visite et qui m'a aidé à compléter mes informations.
(image  du livre cagliari et provenant de la collezione Enrico Maltoni, un grand merci à eux)

1948 Gaggia Classica...
une des premières et déjà du lourd!






Va s’en suivre une dizaine d’années de pure folie créatrice, de débauche de chromes, de formes délirantes.
Folie qui durera jusqu’au début des années 60 marquées par le déclin du design illustré par les Faema « Président »
 et « Gaggia Orione » (avis personnel) et  l’arrivée des machines à pompes.






série de Gaggia



1950 Gaggia Esportazione.
Là ou des gens se damneraient pour en avoir une aujourd'hui, à l'époque celle-ci était appelée "boîte de sardines" en raison de sa forme!  :-)




                                                             






1950 La Cimbali Brillante
avec une transmission axiale
pour contourner le brevet gaggia.


   







1950 La Cimbali la Gioiela








1950 Faema Marte, au fond. 

1952 La cosmo








1950 Faema Nettuno.

Machine que j'avais déjà vu en photo et qui m'avait moyennement attiré, mais qui en réalité est monstrueusement belle..et pas que.
Là ou une 3 groupes pèse, environ, 80kg en général celle-ci affiche dans les 200kg!!!
je ne suis pas sûr qu'il y ait beaucoup de plastique dedans!?
Je suis amoureux pour de bon, là.







1952 Gaggia Spagna 3gr, le message au dos est clair, afin de marquer définitivement la rupture avec les anciennes machines à colonne.

Gaggia Sapgna 1gr, un autre message tout aussi clair...hum très clair même.






1952 La Cosmo Sultana






1952 Augusta
verre éclairé sur le devant.


1952 Victoria Arduino SuperVat...
le super papa de Davide en reflet :-))


victoria Arduino minivat et supervat, même époque






1953 La San Marco surnommée Disco Volante.
Même machine (en 1gr) qui a été utilisée à mon arrivée chez Davide pour le caffé du midi.







1953 Rancilio Preziosa
elle porte si bien son nom.

1953 La Marzocco National 2ème série.
Machine rare s'il en est,
produite à 250 ex en 2,3 et 4gr.



1954 Bezerra





1954 Gaggia internazionale 4gr
Ca prend de la place..






1954 Universal Jolly,
encore une machine à tomber et dire qu'elle a existé en 1,2,3,4,5,6 gr !!! vous vous imaginez une 6gr ?!
si j'en trouve une (on a le droit de rêver) j'en ferais un banc pour le salon.








1955 La Carimali Murano Kristal à gauche avec comme son nom l'indique un précieux devant de verre de Murano (Venise)
et à droite une Eterna Record de 1958





1955 La Dorio Sultana 2gr.
Fut un temps importateur officiel
de machines en yougoslavie !?

1955 La Dorio Sultana 1gr
A gauche









1956 Cambi Olimpica
En  l'honneur des jeux de cortina D'Ampezzo. Une des machines que je voulais absolument voir pour de vrai.
Je ne sais pas pourquoi, certainement cette tête de groupe si particulière.
On peut apercevoir Mme Cagliari.







1957 La Cimbali Grand Luce Automatica, une des toutes premières machines Hydraulique




1956 La Cimbali Grand Luce
à gauche 2gr






1956 Eureka Superba, je ne peux plus dormir depuis que je l'ai vu.








A droite
1958 Cambi Olimpica 2gr
1956 La Pavoni Concorso.
Concorso  comme concours de design, le concours lancé par un magazine pour définir la nouvelle machine à café de demain
(le demain de l'époque, donc hier)

1957 Rancilio Ducale
avec un superbe travail d'effet sur le devant de la machine.












Il commence à apparaître des machines plus petites, pour des particuliers ou des commerces à faible débit.






Il y aura eu aussi des délires moins réussis, mais là aussi c'est une question de goût..






La décennie s'achève et les formes commencent à devenir plus "carrées"


Il y a eu des machines à donner le tournis et comme toutes fins il y aura bien sûr quelques sursauts, mais le beau va disparaitre petit à petit au profit du rationnel.





Une page vient vraiment de se tourner.




Cette visite aura été vraiment un grand moment d'émotion, à donner le tournis et Mme Alessandra Cagliari aura par sa gentillesse, ses connaissances et sa bonne humeur communicative, su nous faire passer un moment inoubliable. 
Un grand merci à Alessandra et à Davide.

Sinon  le petit soucis de ce musée est que les murs n'appartiennent pas à la Soc.Cagliari et ils ne font pas ce qu'ils veulent. Pas faute de vouloir l'acheter pourtant. Bref, ça ne leur permet pas de faire les travaux envisagés. Alors du coup quasiment toutes les machines sont tournées vers le mur et pour apercevoir le groupe, soit c'était compliqué soit carrément impossible. Vous comprendrez ainsi mieux les angles un peu bizaroïdes, j'espère.
Vous pourrez trouver le site du café cagliari ici
et le site du musée Cagliari ici