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Préambule : A la suite de l’achat de ma machine à café de marque «
Vassal », s’en est suivi quelques interrogations. Notamment à-propos de
son groupe-levier que l’on retrouve sur d’autres marques tout aussi
mystérieuse que la « Lépine » ou la « Régina ». Des modèles uniques
pour les « Vassal » et « Régina » et quelques exemplaires pour la «
Lépine ».
Nous nous sommes lancé à plusieurs dans une quête historique de la présence de ce même groupe sur différentes marques. Qui pouvait bien l’avoir construit, à combien d’exemplaires et pour qui ? Mon ami Sébastien, intrigué plus que tout autre, a alors entamé une véritable et monumentale recherche qui l’a amené à reconstituer l’histoire de la cafetière en France. Rien que ça. Pour autant nous nous retrouvions bloqué rue du chemin vert paris XI, adresse de Vassal jusqu’en 1975, sans plus d’éléments nouveaux concernant notre fameux groupe-levier. Jusqu’au jour ou un autre ami, Pascal, a eu le déclic de se dire « mais ce groupe je l’ai déjà vu ! » et en effet en cherchant dans ses archives photos personnelles il a retrouvé une magnifique machine de marque reneka 2 groupes et ces 2 groupes étaient bien les mêmes que ceux qui nous intéressaient. Bon sang nous tenions notre chaînon manquant ! L’euphorie était de mise ! Je contactais rapidement La société Reneka ou j’ai reçu un accueil extrêmement chaleureux et bienveillant de la part de Valérie Egelé. Malheureusement nous avons appris que ce fameux groupe était un groupe fabriqué par une autre société, une société en sous-traitance de diverses pièces pour l’industrie. Société qui a certainement aujourd’hui disparu. L’histoire aurait pu s’arrêter là avec Reneka, mais le contact était si courtois que de fil en aiguille celle-ci nous a ouvert les portes de ses archives. Alors Sébastien, de sa verve narrative, n’a pas résisté a mettre en écrit l’histoire de la Société Reneka, que voici. _______________________________________
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Connue aujourd’hui pour
sa gamme de machines à café de bar et ses innovations
technologiques toujours au service de la simplicité
d’utilisation et de la qualité d’extraction (telle
que le filtre« micro sieve » sorti récemment),
Reneka est une des dernières entreprises françaises
oeuvrantdans les (vraies) machines à expresso. Elle se trouve
être aussi une des premières, ayantcommencé
à fabriquer des percolateurs dans les années 30 au
côté des Grouard Frères, Chabaud, Devos, Bertrand,
Baudon et Maréchal, Janet, Loupot, Smoliak et autres Roch,
Sonnet, Langlois etVienne ou Vassal dont il ne reste aujourd’hui
que le nom et quelques machines à café
classéesdans les objets de collection.
Impossible de dissocier la marque Reneka de son fondateur, René Kauss, brillant industriel strasbourgeois, dont les décisions audacieuses ont amené sa petite fabrique de chaussures à la production de machines à expresso suivant un chemin sinueux, mais d’une logique implacable. Regarder son parcours, c’est un peu comme regarder un éléphant avancer d’un pas lourd et sûr, etqui s’envole de temps en temps aussi léger qu’une plume... |
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Maître éléphant, sur son globe perché tenait de sa trompe une chaussure... |
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Les affaires
débutent dans la région de Strasbourg, en 1919, lorsque
François-Xavier Briswalter et René Kauss (respectivement
négociants à Strasbourg et à Eckbolsheim)
enregistrent « la Manufacture Alsacienne de Chaussures et de
bandages » sur les bases, semble-t-il, d’une fabrique
fondée en 1905. À peine trois mois plus tard, Briswalter est révoqué et René Kauss devient l’unique gérant de l’entreprise. |
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Journal officiel de la
République française, 21 mai et 8 juillet 1919
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La société est
dissoute en 1921 pour devenir « René Kauss, manufacture
d’appareils orthopédiques Manachau » ou tout
simplement « Manachau » (contraction du nom
d’origine, Man-A-Chau).
S’orientant vers la fabrication de prothèses orthopédiques, l’entreprise connaît un certain essor en fournissant des prothèses aux mutilés de guerre, Strasbourg et ses environs ayant été aux premières loges des deux conflits franco-allemands (de 1870 et 1914-1918). |
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Emplacement
du 3, route des Romains vers 1860 (tirée de «Strasbourg
illustré», par Frédéric Piton). En arrière-plan, la cathédrale de Strasbourg. |
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Dans
la foulée, l’usine de matériel orthopédique
de Schiltigheim (située au 5 rue de Lauterbourg) est
transférée à Koenigshoffen, tout à côté de chez René Kauss (au 3 route des Romains, dans des bâtiments qui étaient utilisés comme logements depuis 1870), site que son entreprise gardera au long de son évolution jusqu’en 1985. |
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Publicité
publiée dans « La Cordonnerie Française » en
septembre 1922. Il semble que la lithographie de la fabrique
représente le site du 3, route des Romains tel qu’il était au début du XXe siècle. On distingue la cathédrale de Strasbourg en arrière-plan et la voie de tramway qui passait sur le côté nord de la route. |
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La fabrication des
prothèses nécessitait l’utilisation de
pièces métalliques chromées.
Soucieux de contrôler son produit de bout en bout ou avide de nouveaux défis, M. Kauss crée une nouvelle division sur le même site : la Société Alsacienne de Galvanisation Moderne « le Chrome ». |
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« Machine Moderne », p.92, janvier 1930 |
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La
société se spécialise dans le chromage pour les
appareils orthopédiques, mais aussi pour les pièces de
l'industrie automobile naissante (en particulier pour les sociétés Mathis de Strasbourg et Bugatti, installée à Molsheim tout près de Koenigshoffen depuis 1909). |
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La
société Bugatti utilisera aussi
l’éléphant comme mascotte pour son modèle de
prestige : La Bugatti Royale de 1926 (l’oeuvre date de 1904, elle est du sculpteur Rembrandt Bugatti, frère d’Ettore qui s’est suicidé en 1916) |
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Cette
décision va changer la vocation de l’entreprise, car la
galvanisation va rapidement devenir l’activité principale
de Koenigshoffen. La fabrique s’équipe, en plus de ses ateliers mécaniques pour la fabrication de pièces et le polissage, d’un laboratoire chimique pour la préparation des solutions de plaquage, de cuves pour la galvanisation effectuée à chaud, puis par électrolyse. C’est une petite révolution pour l’époque. |
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Les
bâtiments préexistants sont rasés en 1922 pour
accueillir une toute nouvelle usine (seule la maison principale est
conservée, abritant l'habitation patronale). D’autres bâtiments pour l'orfèvrerie industrielle seront ajoutés l’année suivante et la nouvelle usine est agrandie de nouveau en 1924. |
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Maître éléphant lâche sa chaussure... |
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Nouvelle
réorientation en 1927, la fabrication de matériel
orthopédique est abandonnée au profit de
l’orfèvrerie argentée pour le secteur de la
restauration. Cette mutation est officialisée par la création de la société d’orfèvrerie «Renéka» (une contraction du nom de son fondateur RENÉ KAuss). |
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![]() Machine Moderne, p. 851 novembre 1930 |
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La
société Manachau, elle, recentre son activité
autour de la fabrication de semelles orthopédiques et
d'accessoires pour les pieds (Duralumin, Argentan, Acier Nickelé
et AcierInoxydable). Elle est laissée en 1930 à la seule gestion d’un dénommé Burck. |
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René
Kauss n’abandonne pas pour autant la barre de Manachau, il garde
sa participation dans la société et veille à sa
bonne marche. Un compte rendu de justice nous apprend qu’en 1935,
il révoque Burck l’irrévocable, à cause de
son comportement vis-à-vis des clients et des employés et
de sa gestion douteuse (en 1937, la cour d’appel de Colmar fait
jurisprudence en renversant une première décision de
justice qui l’avait rétabli dans ses fonctions).
N’aurait été de la ténacité de son
fondateur, il est à parier que l’entreprise aurait
périclité. Manachau, la première société de René Kauss, est encore active aujourd’hui, elle est installée près de Saverne. |
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![]() Exposition d’argenterie issue des ateliers Reneka. Cette salle de démonstration était certainement située au rez-dechaussée de la maison patronale, utilisée comme magasin. |
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![]() Répertoire Industriel Didot et Botin de 1935 et 1938 |
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Sous
l’impulsion des décisions éclairées de son
directeur, patriarche omniprésent et bienveillant, le destin de
Reneka était lui aussi sur une belle lancée.
L’entreprise diversifie encore son offre. Elle apparaît
dans le répertoire industriel au début des années
30, dans les catégories « Garnitures de toilettes en
orfèvrerie », « Orfèvrerie pour
matériel de bureau » (Encriers et garnitures de bureaux en métal argenté), « Petite orfèvrerie de table » (timbales, gobelets, coquetiers, tasses, cuillères, pinces) et « Couverts de table ». La société Reneka n’était alors connue pour la fabrication de machines à café qu’auprès du monde hôtelier, pour qui elle a commencé très tôt à fabriquer des percolateurs de grande taille, comme cela se faisait à l’époque. |
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Elle
prend ses marques en 1935, avec l’introduction d’une
machine à café de type percolateur de petit format (elle
fait quand même autour d’ 1 m 20 de hauteur). Cette machine
professionnelle entièrement chromée est murale et
électrique. Son fonctionnement, très ingénieux
pour l’époque, est équipé d’un
coupe-circuit réglable, à bascule et signalé par
un témoin lumineux, pour arrêter la chauffe après l’extraction. Son principe est décrit dans le tout premier brevet déposé par René Kauss en 1935: « La nouveauté de l'appareil, objet de la présente invention, réside en ce que sa bascule est combinée avec un système compensateur, de préférence à ressorts, commandé par un levier et coopérant avec le fléau de la bascule, ce système étant susceptible de recevoir une tension préalable réglable, de telle sorte que le basculement du récipient de chauffage en vue de la mise en circuit des corps de chauffe, est plus ou moins retardé, selon l'importance de la charge d’eau que le récipient doit recevoir. De cette sorte, le fonctionnement de l’appareil est rendu tout à fait automatique. » Extrait du Brevet FR799575A, « Appareil électrique pour la préparation d’infusions de café, thé et autres boissons analogues » On retrouve dans ce brevet le souci qu’avait René Kauss de faciliter la vie de l’utilisateur afin de permettre à tout cafetier d’obtenir le meilleur résultat sans trop de manipulations. |
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« Appareil électrique pour la préparation d’infusions de café, thé et autres boissons analogues », Brevet FR47375E de René Kauss de 1936 |
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«Perfectionnement aux Appareils électriques pour la préparation d’infusions de café,thé et autres boissons analogues», Brevet FR815990A de René Kauss de 1937 |
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![]() Koenigshoffen, route des Romains en direction du village. La flèche indique certainement le service après-vente Reneka, qui était situé au N. 86 |
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Les
affaires sont florissantes, Reneka cherche des représentants
dans toute la France. En 1935, alors que l'Ouest-Éclair
s’inquiète du réarmement de l’Allemagne et
que l’on retrouve sur la page couverture des photos à la
fois d’Hitler et de Mussolini, les petites annonces nous
informent que Reneka cherche des représentants pour ses machines
à café automatiques. Une autre annonce de 1938 indique que les « Café-Filtre électriques automatiques » remportent « un succès énorme ». |
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L'Ouest-Éclair du 31 mai 1935 et 1e janvier 1938 |
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L’arrivée de la guerre interrompt cet élan, les activités sont suspendues de 1939 à 1946. L’usine ne subit que peu de dommages et l’activité peut reprendre dès 1946. La modification des bâtiments consécutive aux dégâts de guerre est complétée en 1950. Entre-temps, Reneka est occupée à la (re)conquête d’un marché qui s’étend à toute la France. |
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Maître éléphant reprend son envol...![]() |
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Visite du gouverneur d’Algérie à l’usine Reneka (1947) |
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![]() ![]() Ateliers de l’usine Reneka, le patron veille à la bonne marche des opérations (1950 ?) |
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Le
brevet d’Achille Gaggia, déposé en 1946, marque
l’arrivée de l’expresso, qui a provoqué un
raz-de-marée en Italie comme en France. Le
phénomène est dû à deux facteurs clés
: la possibilité de faire un café spécialement (expressément) pour le client, mais aussi l’extraction de toute la richesse aromatique du café par pression mécanique et un contrôle indépendant de la température, seule manière d’obtenir la « crema di caffè ». |
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Pour
faire à son tour son entrée dans le monde de
l’expresso, Reneka, tout en continuant de produire ses
percolateurs et ses machines électriques murales, met au point
une petite machine de comptoir, basée sur une technologie
à piston avec levier : « la MAJOR ». Elle devient rapidement un symbole dans le monde des cafetiers restaurateurs, dans sa version levier ou percolateur. Progressivement, cette gamme va s’étendre et proposer des modèles horizontaux à plusieurs groupes, de type percolateur ou combinés avec des leviers. Pour certaines séries limitées et pour l’ajout de moulins à sa gamme, Reneka s’associe à des marques italiennes telles que Rossi et Bezzera et quelques autres fabricants d’équipement pour machine à café. |
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![]() Foire-exposition de Strasbourg, 1951, René Kauss fils est au centre de la photo |
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![]() René Kauss, posant fièrement aux côtés de ses toutes nouvelles machines à levier à la foire de Strasbourg |
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![]() 1952, la gamme s’étend avec des machines de bar horizontales allant jusqu’à 4 groupes |
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Très présente dans
les salons professionnels, Reneka tisse des liens serrés avec
les complexes hôteliers. Son développement en
bénéficie directement et la gamme de ses machines
à café s'étoffe. Tout en gardant les deux types de
groupes de sa conception, elle varie les formes de ses machines pour répondre aux différentes modes de l’époque. Le travail n’empêche pas de faire relâche de temps en temps en profitant du parc de l’usine. |
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![]() René Kauss met un point d’honneur à saluer le travail de ses employés ![]() |
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![]() On le voit prendre part à une fête organisée dans le parc de l’usine en 1954, la fabrique compte alors une centaine d’employés |
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« Doseur pour machine à café électrique », Brevet FR1125228A du 24 mai 1955 |
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« Machine à café ou à thé », Brevet FR1161560A du 20 octobre 1956 |
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Dessins et Modèles, Archives de l’INPI, 1956 |
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Dessins et Modèles, Archives de l’INPI, 1958 |
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![]() Salon Equip’Hôtel, 1958 |
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La
fin des années 50 (et la fin du brevet de Gaggia) connaît
un déferlement de machines à expresso italiennes et la
concurrence d’autres fabricants français (en particulier
Unic). Reneka se doit de réagir avec une innovation. Pour y
parvenir, elle engage un ingénieur italien nommé Pietro
Moretti qui développe un nouveau groupe à piston
entièrement automatique. Cette première machine à expresso de bar est achevée en 1959 et fabriquée en 4 variations (munies de 1 à 4groupes). L’Européenne, c’est son nom, avec son système à hydrocompression tout à faitnovateur, est inaugurée le 8 septembre 1959. |
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« Cette
nouveauté est une machine à café d'une conception
technique révolutionnaire. En effet, cette machine est
équipée d'un ou de plusieurs groupes pistons
entièrement automatiques qui, par simple poussée d'un
bouton, permettent de faire automatiquement à volonté une
ou 2 tasses de café, alors que jusqu'à ce jour il
fallait, pour obtenir 2 tasses, deux ou même plusieurs manoeuvres.
Cet avantage pourtant n’est pas la grande nouveauté de ce groupe piston automatique, celle-ci réside dans l'infusion automatique de la poudre de café. Je m'explique : En appuyant sur un bouton, il se produit une injection d'eau chaude, non bouillante, sur la poudre de café. Cette poudre de café absorbe une certaine quantité d'eau qui varie suivant la finesse de la mouture et suivant la nature du café qui peut être sec ou gras. Il se forme donc automatiquement, en l’espace de quelques secondes, une macération de la mouture du café qui détermine le véritable procédé d'infusion. Lorsque cette mouture a absorbé l'eau nécessaire et s’est suffisamment gonflée, c'est ce gonflement qui provoque automatiquement le déclenchement du piston qui expulse sous pression hydraulique le liquide infusé. Cette pression est calculée de telle façon qu’elle permet l’extraction totale de l'essence aromatique et tonique du café, tout en empêchant une grande partie de la caféine de passer à travers le marc de café compressé.» Ainsi le grand secret de ce groupe piston se trouve dans le réglage automatique de la durée d'infusion, durée qui est variable suivant les qualités organiques du café; ce réglage automatique de l'infusion constitue l'incomparable supériorité de notre nouveau groupe piston, car l'infusion n'est plus faite au bon gré d'un barman, plus ou moins pressé. Une infusion de trop courte durée empêche les huiles aromatiques de se dégager complètement, et une durée d'infusion trop longue peut les faire évaporer. Avec notre nouveau groupe, en employant un café évidemment de bonne qualité courante, et une mouture appropriée, il est absolument impossible d'obtenir autre chose qu'un café parfait. Un autre avantage unique de cette nouvelle machine à café est de pouvoir fonctionner normalement à partir de 0,8 kg de pression d’eau de ville, alors que jusqu’a présent il fallait un minimum de 1,5 à 2 kg de pression; pour cette raison ce nouveau type de machine fonctionne sans moteur, sans compresseur et sans pompe, mais uniquement avec la pression de l'eau de ville. D'autre part, les pistons automatiques actuellement sur le marché mettent environ 48 secondes pour obtenir 2 tasses de café, alors qu'avec notre nouveau groupe on ne met que 22 secondes chronométrées ce qui permet d'obtenir un rendement par groupe de 130 à 150 tasses à l'heure. Une machine comme celle que nous vous présentons ici permet de faire facilement entre 500 à 600 tasses à l'heure, suivant l'habileté de celui qui s'en sert. |
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À ce nouveau type de machine nous avons donné un nom : "L'EUROPEENNE“. Pourquoi "L'EUROPEENNE" ? Pour plusieurs raisons : 1°) Parce qu'elle est construite à Strasbourg 2°) Parce qu'elle a été présentée pour la première fois à la Foire Européenne de Strasbourg 3°) Parce que simultanément en l'espace de quelques jours elle a été présentée à 3 foires en Europe: le 5 septembre à Strasbourg, le 6 septembre en Autriche à la Foire de Vienne et aujourd'hui, le 8 septembre, en Angleterre à la Foire de Manchester. [...] “L'EUROPEENNE" a été entièrement conçue et construite dans nos ateliers a Koenigshoffen et je tiens ici à féliciter et à remercier tout particulièrement notre Directeur technique, Monsieur MORETTI, ingénieur italien, spécialisé depuis de longues années dans la fabrication des machines à café, qui a conçu cette machine. Je remercie également tous ses collaborateurs du bureau technique, nos chefs d'ateliers et tous les ouvriers de notre entreprise qui, je puis vous l’assurer, ont travaillé avec beaucoup d'enthousiasme à cette nouvelle réalisation dont je crois que la Société RENEKA a toutes les raisons d’être fière.» Extrait de l’Allocution de M. René KAUSS FILS, Directeur Général,
à l'occasion du Baptême de «L'EUROPEENNE», le 8 septembre 1959. Ce système est breveté par Reneka la même année et sera utilisé jusqu’en 1984.
La sortie de l’Européenne marque aussi une passation de pouvoir entre René Kauss et son fils, qui reprend l’entreprise en gardant l’esprit de son père : le souci de produire des machines simples à utiliser, économiques, et capables d’extraire le meilleur du café. On retrouve aussi la reconnaissance du travail de ses employés à la réussite de l’entreprise. |
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« Vorrichtung zur selbsttaetigen Kaffeezubereitung », Brevet DE1404788A1 de Pietro Moretti du 16 Septembre 1959. |
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![]() Différentes versions de l’Européenne, machine de bar de Reneka |
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Une
autre innovation arrive en 1970 avec la première machine
à café complètement automatique, baptisée
« Hydrauto ». Son signe distinctif est une sorte de tapis roulant qui positionne la tasse en dessous de la sortie sans aucune intervention (système breveté par Moretti). |
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«Einrichtung zum Füllen von Tassen, insbesondere Kaffee-Aufgußmaschine», Brevet de Pietro Moretti DE2119993 du 23 Avril 1970 |
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L’éléphant ailé à la conquête du monde... |
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De
1974 à nos jours, la société Reneka entre dans une
ère résolument moderne. Cela commence par
l’installation de bureaux au-dessus d'un des ateliers de
fabrication et l’incorporation d’électronique dans
les machines. La « DV », modèle sorti en 1976, est
ainsi la première machine traditionnelle complètement
contrôlée par de l’électronique. Suivent la
« PA » et la « GAV’D », machine complètement électronique et automatique, qui remplacera l’Hydrauto en 1984. |
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Reneka, modèle GAV’D |
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Le site de Koenigshoffen est définitivement abandonné en 1985 |
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Une
page est définitivement tournée en 1985, lorsque les
activités sont arrêtées sur le site original de
Koenigshoffen. La production ne s’arrête pas pour autant, plusieurs modèles se succèdent avant que l’entreprise ne devienne « Reneka International » (en 1997) et ne déménage dans une toute nouvelle usine à Rosheim (en 2002) où elle se trouve encore aujourd’hui. |
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Reneka, modèle Plus prestige |
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Les
séries « Basic » et « Plus » sont
lancées en 1986, elles utilisent un système
d’injection thermo-régulé et offrent un choix de
couleur (rouge ou bleu) avec un fini émaillé. Dix ans
plus tard, la série « Viva » présente un
système d’injection optimisé, suivie de la « Viva S » (en 2004) où l’arrangement de la machine est repensé afin de faciliter la maintenance. |
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Reneka, modèle Viva |
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Enfin,
pour rappeler la longue histoire de Reneka, l’année 2005,
année des 100 ans de la fabrique de chaussure originale de René Kauss, marque la sortie d’une machine à expresso qui combine modernité et ligne rétro avec beaucoup d’élégance : «l' Atalante ».
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L’éléphant ailé aujourd’hui... |
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Reneka
continue aujourd’hui de produire des machines à expresso
« Made in France », entièrement fabriquées
à la main dans leur usine de Rosheim. La fabrique de
Koenigshoffen, qui avait été délaissée en
1985, n’existe plus : le 3, route des Romains n’est plus
aujourd’hui qu’un terrain vague appartenant à la
ville de Strasbourg (site qu’elle a utilisé pour
entreposer les conteneurs de poubelles récupérées
lors de leur renouvellement). Une partie des bâtiments (côté rue de l'Abbé Lemire) a été cédée à l'entreprise de transports Scheurer. |
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Le
bâtiment qui accueillait la publicité « Reneka
» (situé au 2, route des Romains) a été
détruit lui aussi, en mai 2013, pour l’aménagement
de l’entrée du faubourg et le retour du tramway
prévu en 2016 (comme sur la photo de l’époque, comme quoi l’histoire est un éternel recommencement). |
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L’éléphant, lui, a perdu sa chaussure et son globe, mais a gardé ses ailes... | ||||||
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Références additionnelles : - Archi-Strasbourg, Architecture et photos à Strasbourg - Inventaire général du patrimoine culturel, Direction de l'Architecture et du Patrimoine - Gallica, Bibliothèque Nationale de France - Dessins et Modèles, Institut National de la Propriété Intellectuelle - Archives de la marque Reneka Remerciements : La marque Reneka et plus spécialement - Valérie Egele, Directrice Marketing & Administration pour sa gentillesse et l’ouverture des archives de la marque - Jean-Paul Farrugia, ancien responsable R&D chez Reneka, aujourd’hui « technicien retraité en machine à café », pour ses éclaircissements techniques. Rédaction : Sébastien (alias Pootoogoo) Vignette : Geoffrey Assembleur du Puzzle: Vincent |
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