La
torréfaction est
quelque chose qui m'a toujours attiré, mais je n'avais
jamais eu
l'occasion de franchir le pas. Par manque de temps, de
volonté,
de place et peut-être d'appréhension.
Certainement
d'appréhension même.
Mais tout de même
il me
manquait quelque chose dans l'approche que je me suis faite de
l'expresso, du café en général.
J'avais tout, sauf ça. Il était temps de combler
cette lacune.
Alors, un jour à la lecture d'un thread sur le forum
expresso,
j'avais pu lire quelqu'un qui avait fait l'acquisition de ce qu'il
croyait être un torréfacteur et en fait
il
s'agissait d'une friteuse rotative sans huile.
Il faut admettre qu'elle
ressemblait fort à un behmor.
Jusqu'à présent je n'avais pas l'intention
d'investir une
somme conséquente dans un torréfacteur et la
solution de
la machine à pop-corn ne me séduisait
guère.
Là je ne sais pas, mais ce fût le
déclic et je ne
sais pas pourquoi.
Le temps de consulter les annonces gratuites et le surlendemain je me
retrouvais avec une friteuse à la maison en
échange d'une
poignée de piécettes.
Pas vraiment discret la friteuse...
je sens bien qu'il
va falloir lui trouver une cachette.
Une paire
de résistances
de chaque côté de la cuve.
Le
tambour central, mû par un petit moteur.
Un
timmer ainsi qu'un commutateur qui offre la possibilité de
faire fonctionner
les résistances soit toutes ensembles,
soit
celles du haut, soit celles du bas.
Cela m'ouvre des perspectives intéressantes
de gestion de cuisson.
Test de chauffe.
Ca chauffe!
Le premier essai a été cahotique, mal
assuré tel
un nigaud et c'est comme toutes les premières fois.
Mais la
certitude immédiate c'est qu'il faut absolument que je
trouve de
la grille fine, car le tambour est prévu pour des frites pas
pour de petits grains de café.
Alors ils se sont malicieusement
échappés
sur le fond de l'appareil. Une sacré perte en terme de
quantité. Inacceptable.
Récupération de
grilles plates de cuisine.
C'est vicieux ces petites mailles..
L'autre soucis était
d'insérer des pales dans le tambour afin d'augmenter le
brassage des grains.
C'est très artisanal comme réalisation, mais
relativement efficace.
Il faudra tout de même que je trouve une autre solution car
certains grains ont la fâcheuse tendance à se
coincer dans
les trous.
Peu de grains se coincent, mais assez pour m'agacer.
La vraie aventure de la torréfaction
peut commencer..
Cette torréfaction a
été notée "torré
N°1"
Il existe une torré 0, mais elle
était zéro à tous les points de vue.
Ne sachant pas trop comment m'y prendre, j'ai
arrêté la
cuisson, puis relancé et ainsi de suite. Rien de
très
montrable.
Par ailleurs il faut prendre avec prudence ce que l'on voit
à
l'écran, je me suis rendu compte de la difficulté
à bien retranscrire par la photo le rendu réel de
la
cuisson des grains.
La deuxième torré a suivi rapidement et tout
réjoui de mes réalisations, j'entame la
troisième....
..et puis on se réjouit trop vite, parfois.
Après
quelques jours d'une attente interminable, je peux enfin extraire et
les résultats en tasse sont déjà
très
prometteurs.
Je découvre aussi que dans les paquets de
cafés vert, il y a des choses étranges..
A ce stade
des mes essais, il
m'apparaît nécessaire d'intervenir sur ma friteuse
afin de
régler certains détails.
A savoir changer les pales et pourquoi pas de tambour
carrément, augmenter la vitesse de rotation pour un meilleur
brassage, pouvoir jouer sur la puissance
délivrée
par les résistances par l'intermédiaire d'un PID
et jouer, ainsi, sur la chaleur destinée à la
cuisson.
Et dire que je m'étais lancé
pour pouvoir faire de la torréfaction à bas
coût!
C'est amusant, on m'aurait demandé la
vitesse de
rotation du moteur, j'aurais répondu "pfiou!
drôlement
vite!" alors qu'en fait il se traînait lamentable
à 2,5
tours par minute!
Là je l'ai changé
pour un
redoutable moteur qui tourne deux fois plus vite! soit 5t/m.
J'avais fini par trouver un 30t/m mais malheureusement la puissance de
4watt est bien trop faible pour entraîner le moteur
chargé
de grains. Ca reste tout de même une piste à
encore
exploiter.
Dans le même temps je commence à percevoir les
bonnes
proportions de quantité à cuire.
Des tentatives
à
100 gr aux tentatives à 250, je me suis trouvé le
bon
dosage à environ 160 gr.
Ca permet de cuire suffisamment de
grains tout de même , tout en gardant une
homogénéité de cuisson satisfaisante.
Il est nécessaire de contrôler la
température ainsi que la durée de cuisson.
Alors j'installe de quoi visualiser ces données, de
manière efficace.
La piste du PID a été
abandonnée, car
un forumeur m'explique que la sollicitation électrique des
résistances va être trop traumatisante et
qu'elles
risquent de ne pas supporter longtemps ce traitement.
Alors je m'oriente vers la solution du régulateur de tension.
Voilà
les deux pièces, une pour chaque rangée de
résistances. Le démontage peut commencer.
Je les place en
façade avec l'espoir de percer
à peu
près esthétiquement correctement.
Avant /
Après
Impeccable ! ça
régule très bien et je trouve
l'intégration satisfaisante.
A
présent je commence sérieusement
à avoir des résultats probants.
Et avoir des rendus en tasse
très sympathique, à défaut de pouvoir
vous y faire goûter.
Mon seul
regret sera de ne pas m'y être
consacré plus tôt.
Mais quel bonheur de pouvoir
déguster sa petite torréfaction artisanale !
Toujours en quête
d'amélioration, j'ai modifié le tambour
à plusieurs reprises.
Suppression des grilles dans lesquelles se coincaient les grains et
remplacement par des tiges de métal, façon
escalier.
Puis j'ai fini par trouver une rôtissoire
dont le tambour me semblait fort bien adapté à
mes besoins.
C'est à dire que la taille du maillage allait me donner
moins de
soucis que celui actuel et la dimension paraissait idéale.
La vendeuse a bien voulu se séparer uniquement de son
tambour, moyennant quelques piécettes.
Le tambour se trouvait pourtant à l'autre bout de la France.
Super sympa !
tatata!!
Et au passage, je gagne près de 400gr
du poids du tambour !
Colmatage des
côtés.
Et confection de petites pales en inox
afin d'améliorer le brassage.
Elles sont placées de telle sorte qu'elles entrainent
chacune
leur tour, le grain de gauche à droite et de droite
à
gauche.
Et merci
à Armand pour la confection des pales.
Ce qu'il y a de rigolo, c'est que sur la photo je les ai
croisé
(les pales) par rapport à ce que je m'étais
imaginé dans l'espace, alors qu'en fait il faut les mettre
dans
le même sens si l'on veut que le brassage se fasse
alternativement de gauche à droite.
Et n'y voyez rien de politique là dedans.
Les
torréfactions se font plus homogènes et je n'ai
plus de grains qui se coincent.
J'ai également reçu un moteur de 15
tour/minutes,
ce qui change considérablement le mouvement des grains.
J'avais
tenté un 30 tours mais en vain, celui-ci n'étant
pas
assez puissant pour entrainer le tambour plus les grains.
Je vous
laisse
apprécier la différence d'allure. Et je vous
rassure, le
bruit est bien moins terrifiant en réalité.
A présent je
torréfie avec un couvercle d'inox, que je place à
certaines phases de la cuisson.
Je gagne facilement 70° rapidement, ce qui est un apport non
négligeable en terme d'efficacité.
J'ai bricolé une poignée de bois dans laquelle
vient tourner le bout de l'axe du tambour et
qui me permet de le retirer alors qu'il est brûlant
sans trop de difficulté.
Je ne sais pas de quoi demain sera fait, mais je serais surpris qu'il
n'y ait pas encore quelques modifications par la suite...